Témoignage O3
Delphine Berthelot-Eiffel, avocate au besoin de vérités
L’épineuse question de la vérité est au cœur des choix de carrière de Delphine Berthelot-Eiffel, mais “pas du tout au sens où elle l’entendait au début”. Découvrez Delphine Berthelot-Eiffel dont la rigueur juridique structure les réflexions parfois innovantes de ses associés au sein de la SPE.

Delphine Berthelot-Eiffel
Avocate et associé fondateur d'O3 Partners
Née en 1963 d’un membre de l'administration française devenu secrétaire général adjoint aux Nations Unies et d’une mère au foyer, elle se voyait d’abord journaliste. Il s’agissait donc pour elle, une fois le baccalauréat obtenu, de se “bâtir une solide culture générale”. Inscrite à la fois à l’Université Panthéon-Assas et à l’Université Paris-Dauphine, elle doit renoncer à Dauphine pour des raisons très pragmatiques : “J’habitais trop loin et j’avais déjà un enfant, c’était trop compliqué.”
Les deux premières années de droit l’ennuient beaucoup “car à l’époque c’était essentiellement du bachotage”, mais la dissuadent de devenir journaliste : “Je me suis rendu compte que trop souvent ce que les journalistes écrivaient ayant trait au droit était soit faux, soit approximatif, soit distordu et que cela ne convenait pas à mon esprit en quête de vérités.”
Mission accomplie
Delphine Berthelot-Eiffel choisit alors le métier d’avocat, renonçant à être magistrate : “Pour être juge, il fallait une année de formation supplémentaire que pour être avocat et toujours en raison de ma situation personnelle, j’avais besoin de travailler vite.” Mission accomplie lorsqu’elle rejoint en tant que collaboratrice le cabinet de l’avocat John de Richemont, où elle réalise que finalement la vérité n’est pas si univoque qu’elle le croyait, même en droit.
“L’art d’un avocat, c’est de raconter une histoire telle qu’elle doit être racontée pour arriver au but, c'est-à-dire à la victoire”, explique en effet Delphine Berthelot-Eiffel. “Mais cela ne veut pas dire qu’il ment. Cela veut dire que dans un dossier tout est potentiellement vrai et que tout dépend de l’angle choisi. Il y a bien sûr des affaires d’escroquerie, mais dans la plupart des cas de litige, les gens sont sincères et ils s’estiment avant tout victimes dans ce litige. La vérité est relative, même au civil,” ajoute-t-elle avec le petit rire dont elle ponctue souvent ses propos.
Les hasards de la vie
John de Richemont lui confie d’abord de nombreux dossiers du droit du travail, “droit qu’il était encore possible d’apprendre sur le tas, car beaucoup moins complexe qu’aujourd’hui”. Puis il l’associe et lui confie d’importants dossiers de droit immobilier, “du fait de sa clientèle en majorité anglo-saxonne, se trouvant à Paris”. Et c’est cette spécialisation “due aux hasard de la vie” qui va sceller sa rencontre, en 1987, avec l'initiatrice d’O3 Partners, Isabelle Didier.
“Nous avons rapidement eu un certain nombre de dossiers en commun car dans la première phase de sa carrière de mandataire judiciaire, elle s’est vu confier par le tribunal de commerce de Paris, notamment pendant la crise banco-immobilière du début des années 1990, des dossiers de promotions et de marchands de biens conduisant à de nombreuses ventes aux enchères et procédures de collocation”, se souvient Delphine Berthelot-Eiffel.
Lorsque John de Richemont prend sa retraite, en 2013, elle conserve sa clientèle et continue de collaborer avec Isabelle Didier. Et lorsque cette dernière lui parle de son projet de structure pluriprofessionnelle, elle lui dit “tout de suite oui”.
“Depuis, nous avons traité plusieurs dossiers d’accompagnement de structures devant envisager l’ouverture de procédures collectives ou préventives, et dans ces cas-là, le partage est clair : c’est Isabelle qui s’occupe du cœur du dossier et de la stratégie à mettre en œuvre, et moi j’interviens de manière plus ponctuelle, plus spécifique, en cas d’assignations et autres événements judiciaires. Mais l’apport original d’O3 Partners se situe certainement dans la phase de réflexion stratégique, où les compétences des trois professions réunies au sein de la société sont sollicitées. Dans un droit des procédures collectives devenu infiniment technique et où les analyses comptables sont déterminantes, l’apport des associés experts-comptables, très expérimentés, est essentiel et enrichissant pour les juristes que nous sommes.”
Aujourd'hui, Delphine Berthelot partage son temps entre son propre cabinet où elle pratique le droit immobilier, les baux commerciaux et le secrétariat juridique pour ses clients et O3 Partners. “Les dossiers O3 Partners restent minoritaires dans mon temps et mon chiffre d’affaires par rapport à ceux de mon cabinet, mais dans le contexte, je pense que leur nombre est appelé à augmenter.”
Un traitement des dossiers au plus près du terrain et des équipes
Le dossier O3 Partners qui a le plus marqué Delphine Berthelot-Eiffel a été le traitement du volet français du démembrement du groupe Hamon, leader mondial dans le domaine de l'ingénierie et de la maîtrise d'œuvre de systèmes industriels thermiques et de dépollution des fumées industrielles, en pleine crise de l’énergie. Ce prestataire essentiel d’EDF dont il assure le refroidissement des centrales nucléaires ne pouvait pas disparaître, entraîné par une faillite internationale. Toute l’action d’O3 Partners a été dirigée sur la protection de ce formidable outil de production et de ses ressources humaines. La reprise a été opérée sans un seul licenciement.
“Ce que je regrette habituellement le plus dans mon métier, c’est de ne pas aller sur les chantiers, d’être toujours immergée dans la paperasse et jamais sur le terrain, les pieds dans les bottes et le casque sur la tête”, explique Delphine Berthelot-Eiffel. “Et là je rencontrais des gens, les collaborateurs-responsables opérationnels de Hamon France, qui étaient extrêmement fiers de leur savoir-faire, j’avais l’impression d’être dans la vraie vie, c’était formidable.”
L’avocate a également apprécié l’aspect international de ce dossier, qui coïncidait en outre avec la réforme du droit de l’insolvabilité : “C’était très stimulant intellectuellement. C’est aussi pour cette raison que je me suis engagée auprès d’O3, pour élargir mon horizon. Nous apprenons tous à marcher en marchant, intégrant de nouveaux concepts de droit, au fur et à mesure du traitement de nos dossiers, c’est très rafraîchissant, mais également très intéressant par les perspectives que cela ouvre”, conclut-elle avec son petit rire désormais familier.
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