Témoignage client
Odesia Vacances ou la reconstruction de la confiance des partenaires
Même dans les situations financières les plus problématiques, la cessation de paiements et une issue fatale peuvent être évitées. A une seule condition : préserver ou restaurer une relation de confiance entre l’entreprise et l’ensemble de ses partenaires.
En témoigne l'histoire d'Odesia Vacances, qui commence pourtant par une trahison...

Yazid Sanaa
Président du groupe Odesia
En 2019, la direction de cette société spécialisée dans le tourisme social et solidaire présente des comptes dramatiques après avoir annoncé des prévisionnels d’exploitation beaucoup trop optimistes. Les pertes sont aussi inattendues qu’abyssales. Le conseil d’administration se réunit en hâte et demande au président bénévole, Yazid Sanaa, professeur d’économie et de management à l’Université Paris-Est Créteil, de reprendre la main. Celui-ci accepte, rencontre les collaborateurs, se plonge dans les comptes... et “constate avec effroi que la réalité est encore plus terrible qu'annoncé” : “Mes prédécesseurs mentaient sur tout depuis le début. Odesia Vacances était très clairement au bord du gouffre.”
Pénétrer dans l'arène
Sur les conseils de l'avocat Bruno Anger, aujourd’hui associé au sein de 03 Partners, il se tourne vers l'avocate Isabelle Didier, également administratrice judiciaire. Sensible à la dimension sociale et solidaire d’Odesia Vacances, elle l'est aussi à son empreinte territoriale. L'entreprise, qui a son siège à Clairvaux-Les-Lacs et qui emploie jusqu'à 400 personnes en haute saison, est connue dans le Jura. C'est donc avec les acteurs locaux que l’équipe de conseils constituée autour de Yazid Sanaa va œuvrer pour tenter de sauver l'activité.
A chacun, sont exposées les difficultés de l'entreprise et la stupeur d’avoir été trompé. Il est alors essentiel que le doute assaillant les interlocuteurs à la lecture des comptes ne rejaillisse pas sur la nouvelle direction qui doit, au contraire, être “encouragée et soutenue“. Ce à quoi s’emploient les conseils, mettant en avant les valeurs de l’entreprise, qui soudent les collaborateurs et le conseil d’ administration. Le choix est fait de s’orienter vers une conciliation, procédure amiable permettant de rapprocher l’entreprise de ses créanciers, d’obtenir des délais de paiements et des abandons de créances, le tout sous l’égide du président du tribunal.
Comme le souligne Isabelle Didier, “il n'est pas simple pour le nouveau directeur général de pénétrer dans l’arène en ignorant les règles du jeu“. “Pour bâtir une conciliation, il faut donner envie aux créanciers d’aider l’entreprise“, explique-t-elle. “Cela suppose transparence, pédagogie, exhaustivité et sérieux des prévisionnels d’exploitation. Bien évidemment, comme dans toute interaction humaine, le facteur relationnel est important. Il faut accepter d’être jugé sans être pour autant blessé. Il faut savoir se montrer humble mais ferme ; pugnace mais pas agressif.“
Des chiffres et des actes
C’est là qu’intervient le rôle pacificateur de l’administrateur judiciaire Maurice Picard, auquel Isabelle Didier a naturellement pensé pour exercer le rôle crucial de conciliateur : “Je connaissais bien l’entreprise. J’ai donc rapidement compris que le nouveau management avait pris les bonnes mesures pour la redresser, en sabrant les dépenses somptuaires des prédécesseurs. J’ai ainsi pu rassurer les banques à qui j’avais déjà présenté le plan de sauvegarde de l’entreprise en 2015. Car c’est bel et bien les banques qu’il fallait convaincre.“
Pour convaincre, il faut des chiffres sur lesquels s’appuyer. Et plus précisément des rapports d'expertise indépendants (IBR). En l’occurrence, les travaux sont confiés à Jean-Michel Matt, expert-comptable et expert judiciaire. Sous sa plume, les chiffres sont expliqués et clarifiés. Mais ces chiffres doivent aussi traduire des actes : “Par exemple, Odesia Vacances avait clairement un problème de maîtrise des frais. Et quand son nouveau dirigeant a affirmé aux banques qu’il allait réduire ces frais d’un million d’euros, elles ne l’ont pas cru. Sauf qu’il l’a vraiment fait...”
Modeste, Yazid Sanaa estime avoir eu “un vrai coup de bol” : un déconfinement plus rapide que prévu à l’issue de la première vague de la COVID-19 assorti d’une météo magnifique, faisant de l’été 2020 un été exceptionnel en termes de chiffre d’affaires. “La crise de la COVID-19 a rendu nos partenaires réceptifs à nos demandes et nous a permis d’obtenir le prêt garanti par l’État (PGE) dont nous avions absolument besoin”, ajoute-t-il. “Mais cela n’a été possible que parce que nous avions été très honnêtes sur les causes structurelles de nos difficultés et nos efforts pour y remédier.“
Le jour et la nuit
Ainsi, à la trahison initiale en interne, s’est progressivement substituée, comme le souligne Isabelle Didier, “une véritable chaîne de confiance autour de l’entreprise et de son projet”. Qui a fait toute la différence selon sa jeune collaboratrice, Inès Te : “C’était mon premier vrai dossier et je me souviens avoir été frappée par le changement d’ambiance radical entre ma première réunion avec les créanciers et la dernière. Seulement six mois s’étaient écoulés et c’était le jour et la nuit.”
Outre le prêt porté par les cinq principaux partenaires bancaires et garanti par lui, l’État accompagne Odesia Vacances en lui accordant un plan d’apurement de sa dette sociale et fiscale, ainsi que l'accès au fonds de solidarité aux entreprises. Odesia Vacances voit également ses fonds propres renforcé par un nouvel accompagnement du fonds NovESS. Ces mesures permettent de stabiliser la société, et même de recueillir les félicitations des responsables des banques, “enchantés”, comme le rapporte Isabelle Didier, “de la santé recouvrée d'Odesia Vacances et de la parfaite collaboration nouée entre les équipes”.
Une réussite, que Yazid Sanaa dit devoir à l’intermédiation de l’équipe réunie par Bruno Anger et Isabelle Didier. A leur “alchimie”, dont témoigne leur “volonté de continuer à travailler ensemble” dans le cadre de 03 Partners. Mais loin de se reposer sur ses lauriers, il reste concentré sur la nécessité du remboursement des emprunts et des dettes, ainsi que sur “l’impératif d’investissement pour le confort des vacanciers”.
In fine, c’est leur confiance à eux qui est en jeu.

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