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Témoignage client

L’école Sornas, esquisse d’un sauvetage pas comme les autres (1/3)

Cette série en trois partie a été créée en épisodes narrant les évènements d'un point de vue différent selon l'interlocuteur. Le premier épisode donne la vision de la dirigeante confrontée à une procédure collective pouvant détruire l'œuvre familiale à laquelle elle s'était consacrée toute sa vie.

Pictogramme du nom de l'auteur

Françoise Mousseux-Sornas

Dirigeante d'EDTA Sornas

De la chance dans la malchance


Aucun dirigeant d’entreprise – ni aucune dirigeante – n'imagine se retrouver un jour en procédure de redressement judiciaire. Peut-être encore moins lorsque la dirigeante en question avait pris la relève de ses parents à la tête d’une entreprise centenaire. “On se sent terriblement responsable, c’est comme si tout leur travail et le vôtre étaient anéantis”, confie Françoise Mousseux-Sornas, dont l’école de dessin technique et artistique a été placée en redressement judiciaire en juin 2017. “Mais finalement je me rends compte que j’ai eu énormément de chance dans ma malchance”, ajoute-t-elle.


Faire un choix


Fondée à la fin du 19e siècle, l’école de dessin technique et artistique EDTA Sornas est d’abord inscrite à la chambre syndicale des dentelles et des broderies. Ce sont les parents de Françoise Mousseux-Sornas qui en ont fait, dans les années 1950, ce qu’elle est devenue. Lui était architecte d’intérieur, elle professeure aux Beaux-Arts. Lorsque le premier décède, la seconde prend seule les rênes de l’entreprise, “avec un grand courage”. 


Puis, à la mort brutale de sa mère, en 1984, c’est au tour de Françoise Mousseux-Sornas, de faire preuve de courage : “Je devais faire un choix. Poursuivre ma carrière de professeure d’histoire-géographie, ou bien poursuivre l'œuvre de mes parents. J’ai choisi la seconde option.” Pendant une trentaine d’années, elle ne le regrette pas. L’école, qu’elle connaît comme sa poche pour y avoir passé toute son enfance, lui apporte beaucoup de joies malgré les difficultés. Mais peu à peu, ces difficultés s’accumulent, et ternissent le plaisir d’enseigner. 


Une forme de déni


Il y a d’abord le virage numérique, que la dirigeante de l’école Sornas, née en 1947, peine à négocier. Contrairement à sa concurrente historique, la société Maryse Eloy, qui est rachetée et transformée de fond en comble... Ne pouvant lutter à armes égales faute de capacité d’investissement, l’école Sornas souffre alors d’un manque de visibilité et de reconnaissance. Ce à quoi s’ajoutent des problèmes de gestion, et peut-être “une forme de déni” liée à la vie personnelle de la dirigeante. “La mort de mon mari a beaucoup joué dans cette histoire”, soupire-t-elle en effet. 


Il devient de plus en plus difficile de payer le loyer des prestigieux locaux parisiens de l’école, au 108, rue Saint-Honoré, à quelques pas seulement du musée du Louvre. Et bientôt, la situation financière de l’entreprise devient tout bonnement intenable. Son expert-comptable est dépassé et l’avocat qui suit le contentieux locatif ne peut répondre à ses interrogations. Sur les conseils d’un entrepreneur déjà passé par les affres de la cessation de paiements et du dépôt de bilan, Françoise Mousseux-Sornas prend rendez-vous avec une administratrice judiciaire, Isabelle Didier, associée fondatrice de O3 Partners. 


Réagir en 45 jours


Cette dernière se souvient “d’une dame déterminée à sauver l’entreprise familiale en passant la main, mais terriblement angoissée par la perspective de la procédure, dont elle ignore tout”. C'est sans doute cette détermination affichée qui a permis aux deux femmes d'instaurer d'emblée une relation de confiance, élément d'autant plus essentiel qu'il fallait agir vite, très vite. Trop vite, d'après Isabelle Didier. 


“Il y a quelque chose de complètement bouleversant dans le calendrier”, dit-elle. “Les dirigeants sont censés réagir en 45 jours après avoir constaté la cessation de paiement ! Or cette notion est mouvante et complexe. La première chose à faire est donc de les rassurer. Ensuite, il faut les guider pas à pas. Et enfin, évaluer la situation pour apprécier ce fameux état de cessation des paiements, et prendre la meilleure décision : cession ou continuation.”


Cession ou continuation


La cession de fonds de commerce est la solution la plus fréquente et la plus simple. Le plan de continuation, lui, nécessite la prise de participation d'un investisseur s’engageant à exécuter le plan de redressement présenté par la société. Comme l'explique l'administratrice judiciaire, “cette solution est moins fréquente car elle ajoute de la complexité à l’organisation du repreneur”. Elle permet néanmoins de préserver l'entreprise et de pérenniser son activité.  


Ce dont Isabelle Didier a tout de suite eu envie dans le cas de l'école Sornas : “En passant du temps avec la dirigeante, et en écoutant les professionnels du secteur, j'ai eu la conviction qu’au-delà de mon empathie naturelle pour cette femme courageuse, il y avait dans l'entreprise des valeurs plus précieuses que sa valeur comptable ou sa situation juridique. Une longue histoire, un certain prestige, et je pensais aux étudiants qui n’avaient pas fini leur cycle, à leurs parents...” 


Mais il fallait tout de même que la perspective d’un plan de continuation soit réaliste. A ses propres yeux, aux yeux d’un juge, à ceux d’un éventuel repreneur. Et c’était la fin de l’année scolaire. Autrement dit : le début de la période des inscriptions pour l’année suivante. Tout allait se jouer sur leur nombre.



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